29/08/2016
L’ancien immeuble Chapeauville, rue Saint-Laurent, disparu lors de la construction de l’autoroute A 602
Ce tronçon de la rue Saint-Laurent*, entre les deux murets, est un pont franchissant la tranchée ferroviaire que constitue le plan incliné conçu autrefois par Henri Maus (voir cette autre page).
* La rue et le quartier tirent leur nom d’une ancienne abbaye bénédictine dédiée à ce saint.
Un Thalys descend le plan incliné. Dans le fond, on distingue la nouvelle gare des Guillemins en cours de construction.
Prenons un peu de recul par rapport à la première photo. Parallèlement au plan incliné ferroviaire, c’est l’autoroute 602 qui surplombe la rue Saint-Laurent.
Retrouvons cet endroit à la fin des années 1960 : Il s’agit de l’endroit où la rue du Calvaire* débouchait dans la rue Saint-Laurent.
* Un monument de ce genre existait autrefois, non loin de l’église auxiliaire de Notre-Dame du Calvaire, bâtie au début du XXe siècle.
Cette demeure est datée de 1608 et a été remaniée au XVIIIe siècle. On l’appelle la maison Chapeauville, du nom de Jean Chapeauville (1551-1617)*, célèbre théologien et historien liégeois qui y a vécu.
* On trouve aussi les graphies « Chapeaville » et « de Chapeauville ».
Jean Chapeauville a légué l’immeuble à son neveu Jean La Roche, échevin de Liège. Nous sommes au début du XVIIe siècle, période marquée à Liège par la lutte entre les Grignoux, qui exigent davantage de libertés communales, et les Chiroux, qui veulent le renforcement de l'autorité du prince-évêque.
En 1649, le prince-évêque Ferdinand de Bavière fait appel aux troupes allemandes pour stopper la rébellion. En août, le général bavarois Otto von Sparr s’empare de la maison de La Roche et des habitations voisines entourées de murs, où les milices populaires se sont installées. Il y fait établir des batteries de canons pour bombarder l’abbaye de Saint-Laurent, autre position des démocrates liégeois.
* * * * *
1968. Le chantier de l’autoroute A602 a atteint Burenville (derrière le bulldozer, on reconnaît le chevet de l’église Saint-Hubert érigée six ans plus tôt). Dans le fond, près de l’ancien terril de l’Aumonier fortement arasé, se distingue l’ébauche du viaduc qui permet à la rue Jules de Laminne de franchir la tranchée autoroutière (voir autre article).
Au départ de l’échangeur de Loncin, la A602 est initialement prévue jusqu’au boulevard d’Avroy, via Ans, Burenville, Saint-Laurent, le Bas-Laveu et les Guillemins. Cette photo montre la sortie Saint-Laurent au tout début des années 1970.
La rue Saint-Laurent à l’extrême fin des années 1960. Le passage de l’autoroute à cet endroit, ainsi que l’aménagement des bretelles pour y accéder ou en sortir, vont nécessiter d’importantes expropriations et démolitions. Vont disparaître tous les bâtiments situés entre le building et la tranchée du chemin de fer, des deux côtés de la chaussée.
Vont donc disparaître tous les bâtiments visibles à l’avant-plan de la photo ci-dessus, à l’exception de l’immeuble sis tout à droite.
Pendant les démolitions de 1969-70 ▲ et de nos jours ▼
À droite, c’est l’entrée de la rue du Calvaire en 1970.
Toute une série d’immeubles ont été détruits ▲ pour permettre d’aménager un nouvel accès à la rue du Calvaire, accès reporté plus haut dans la rue Saint-Laurent ▼
La rue du Calvaire a également souffert pendant l’aventure, tronquée de sa partie basse vu la largeur de l’autoroute et de ses bretelles.
La rue du Calvaire avant l’aménagement autoroutier ▲ et de nos jours ▼
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13:16 Écrit par Claude WARZÉE dans Publémont Saint-Laurent | Tags : histoire de liège, liège, rue saint-laurent, rue du calvaire, plan incline, maison chapeauville, jean chapeauville, autoroute a602, burenville | Commentaires (2) | Facebook |
23/08/2015
Les bouleversements urbanistiques dans le Bas-Laveu à la fin du XXe siècle (descente autoroutière A602 et liaison E40-E25)
À la fin des années 1960, l'autoroute A602 a atteint les quartiers de Burenville (voir autre article) et de Saint-Laurent. Elle va bientôt se prolonger vers le Bas-Laveu et les Guillemins.
Ce plan des années 1960 (cliquez dessus pour l'agrandir), permet de situer la zone géographique dont il va être question.
Voici le Laveu au pied de la rue Henri Maus, au niveau de la rue d'Omalius et d'un tronçon de la rue Saint-Gilles. D'importantes démolitions ont eu lieu en prévision du passage de l'autoroute, laquelle surplombera les voies ferrées et nécessitera un réaménagement des abords. Le tracé rouge délimite l'emplacement de la photo actuelle qui suit :
Ci-dessus, le viaduc ferroviaire au niveau de la rue Saint-Gilles. La photo a été prise en 1969, juste avant les destructions préparatoires à la construction de l'A602. Ci-dessous, le même endroit de nos jours :
Ci-dessus, le bas de la rue Henri Maus (côté pair) en 1969, accolé à un autre viaduc du chemin de fer. Ci-dessous, la situation actuelle avec une zone verte en remplacement de la série de maisons :
En 1973, l'autoroute s'arrête au Bas-Laveu, avec une rampe de sortie en direction de la place des Wallons ou du tunnel Sainte-Marie qui débouche sur le boulevard d'Avroy*. Son tracé principal est interrompu en attente de solution définitive concernant sa liaison avec la E25. Pendant plus d'une décennie, on ironisera sur la « piste de ski », ce tronçon d’autoroute urbaine sur colonnes, surplombant les voies de chemin de fer et n’aboutissant que dans le vide !
* L’administration des routes a même envisagé de faire passer l’autoroute sous le parc d’Avroy, mais de nombreuses protestations ont provoqué l’abandon du projet.
Ci-dessus, la « place » des Wallons actuelle, où aboutit la sortie autoroutière. Ci-dessous, le même endroit à la fin des années 1960, avant que le paysage urbain ne soit bouleversé par le chantier de l'A602 :
Aux origines de la place des Wallons
Au milieu du XIXe siècle, le Laveu* est champêtre, composé de terrains vagues ou cultivés. En terme de voirie, il n'est sillonné que par d'étroits sentiers tortueux bordés de haies.
* « Laveu » est la forme wallonne de « lavoir ». L'endroit n'a pas été habité autrefois par des blanchisseuses, comme on le raconte parfois ; il doit son appellation à l'importante famille des Lavoir, citée dès le XIVe siècle et qui possédait là une prestigieuse résidence d'été.
En 1865, plusieurs propriétaires cèdent des terrains à la Ville pour qu'on y aménage quelques rues dignes de ce nom. Parmi elles, figure la future rue des Wallons (elle recevra ce nom en mai 1873), qui s'arrête alors à la rue Jacob Mackoy. Elle attendra 1891-92 pour être prolongée jusqu'au Bois d'Avroy, au sommet de la rue de Joie.
C'est depuis octobre 1900, que le carrefour des rues du Laveu, des Wallons et des Éburons s'appelle officiellement la place des Wallons.
La place des Wallons sur une carte postée en 1913. L'année suivante, sera prise la décision de modifier le viaduc ferroviaire, jugé trop étroit. Interrompu par la guerre, le projet ne sera réalisé qu'en 1926.
Un trolleybus n° 20 (Cointe-centre ville) à l'arrêt de la place des Wallons dans les années 1930, avec vue sur le viaduc élargi.
La place des Wallons à la fin des années 1960 ▲ et de nos jours ▼
La flèche rouge, ci-dessus, indique l'emplacement où se trouvaient les immeubles que l'on voit sur la photo qui suit (côté impair de l'ancienne place des Wallons en 1968, du viaduc à la rue des Éburons) :
La place des Wallons à la fin des années 1960.
Février 1968 : un trolleybus n° 20 quitte la place des Wallons pour s'engager dans la rue des Éburons.
À l'époque, passer sous le viaduc permet d'accéder à la rue de Sluse, telle qu'on la voit sur la photo qui suit :
Depuis les aménagements autoroutiers, la rue de Sluse a bien changé. Tous les immeubles visibles sur la photo précédente ont disparu !
Cette photo de la place des Wallons a été prise à l’extrême fin des années 1960. Elle montre les immeubles situés entre la rue des Wallons (qu'on ne voit pas à gauche) et la rue du Laveu (à droite). Ces immeubles, on les retrouve sur la photo qui suit, présentant la situation actuelle :
Ci-dessus, la place des Wallons vue depuis la rue de Sluse à la fin des années 1960. Ci-dessous, la même perspective de nos jours, avec la sortie autoroutière conduisant au tunnel Sainte-Marie :
Voici quelques vues prises lors de la démolition de la place des Wallons au tout début des années 1970 : ▲ Quarante-cinq ans séparent ces deux photos ▼
Du côté de la rue du Plan Incliné
Cette rue du quartier des Guillemins est ainsi baptisée en hommage au plan incliné conçu par l'ingénieur Henri Maus, peu avant le milieu du XIXe siècle*, pour permettre aux trains de gravir et descendre la côté d'Ans malgré la forte déclivité naturelle des lieux.
* C'est en 1842 que le plan incliné a été utilisé pour la première fois.
Cette photo de 1976 montre le début du plan incliné ferroviaire, avec l'autoroute inachevée qu'on a surnommée la « piste de ski ».
Ci-dessus, la rue du Plan Incliné actuelle, au niveau du viaduc dont le tunnel mène au Laveu. Là aussi la construction de l'autoroute et de ses accès a profondément modifié le tissu urbain, comme en témoigne la photo suivante datant du début des années 1960 :
De la place des Wallons à l'avenue de l'Observatoire
Au milieu des années 1980, des expropriations et démolitions massives affectent le côté impair de la rue des Éburons, ainsi que le bas de la rue de Joie et de l’avenue de l’Observatoire. Une décision a enfin été adoptée à propos de la liaison E40-E25, qui se fera grâce à un double tunnel percé dans la colline de Cointe et un pont suspendu jeté sur la Meuse.
Le bas de l’avenue de l’Observatoire avant les destructions qui débuteront en 1984. Toutes les maisons de gauche* ainsi que les premières de droite sont condamnées.
* Disparaîtra aussi toute une partie de la rue Mandeville longeant le chemin de fer.
Ci-dessous, le même endroit de nos jours :
À l'angle des rues de Joie et Bois l'Évêque en 1983 ▲ et 2009 ▼
La flèche rouge désigne la rue des Éburons, dont le côté impair va disparaître, tout comme les maisons de la rue de Joie situées à droite. Voici la situation actuelle à titre de comparaison :
Ci-dessus, la rue des Éburons vers 1984-85, avec dans le fond la « piste de ski » (la flèche) arrêtée là au début des années 1970. Ci-dessous, le même endroit de nos jours, avec l'espace vert baptisé depuis peu le jardin de l'abbé Firket :
▲ Ces deux photos datent de 1986, pendant le prolongement de l’autoroute
en direction du futur tunnel sous Cointe ▼
L’autoroute au Laveu en 1986.
L'autoroute toute neuve au niveau de la rue des Éburons.
Le chantier de la tête du tunnel sous Cointe en 1988.
L'autoroute au Laveu en 2007.
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12:57 Écrit par Claude WARZÉE dans Laveu | Tags : histoire de liège, laveu, bas-laveu, autoroute urbaine, a602, liaison e40-e25, rue henri maus, rue d'omalius, place des wallons, rue des wallons, rue des eburons, rue de sluse, viaducs ferroviaires, tunnel saint-marie, plan incline, avenue de l'observatoire, rue de joie, rue bois l'eveque, jardin de l'abbe firket, tunnel sous cointe | Commentaires (4) | Facebook |